vendredi 27 juillet 2012

Bienvenue en Guinée



L’arrivée dans un nouveau pays est toujours délicate. Les premières impressions tiennent une place importante dans le ressenti du voyageur. Et souvent, c’est donc les premières images, à la sortie de l’aéroport, qui donnent le ton. Mon avion arrive en plein après-midi. Je suis accueilli par un chauffeur RioTinto et une pluie battante, impressionnante. Ma première impression, c’est donc celle-là, la traversée du parking de l’aéroport avec mon sac sur le dos, sous une pluie si forte qu’on en ressent le poids. Je me dis qu’en 100 mètres je ne risque rien à ne pas mettre l’imperméable. Je m’en souviendrai 1 heure plus tard quand je sortirai la moitié de mes vêtements à sécher.


Aperçu de la pluie et de son effet sur une rue du centre ville

1 heure, c’est bien ce qu’il faut pour faire les quelques kilomètres qui séparent l’aéroport de mon premier logis (un hôtel). La circulation est un des aspects majeurs de Conakry, combinée aux conditions météo, c’est elle qui décide si la journée de travail est un échec ou une réussite. Mais j’y reviendrai, ça mérite bien un article entier. Mon premier voyage dans la navette RioTinto est une découverte brutale de la vie dans cette métropole africaine

La plupart des gens présents dans le centre – dont des migrants des zones rurales où le concept d’Economie n’a pas pointé le bout de son nez – vivent dans des logements improvisés au bord des routes. Certains habitent dans des petites maisons sans portes ni fenêtres (sans électricité ni eau, sans doute), d’autres ont construit des « extensions » aux bâtiments avec des planches en bois, des tôles, ou des bâches tendues avec des bâtons. Les possessions de ces familles se comptent sur les doigts de la main, et ces possessions semblent définir une part d’identité des gens de la rue. Celui qui possède une télé accueille les jeunes le soir, celle qui possède des ustensiles de cuisine vend de la nourriture. La Guinée est, pour des raisons historiques, un des pays les plus pauvres du monde. Lors de son indépendance (1958), la Guinée a refusé de faire partie de l’entente économique France – Afrique proposée par De Gaulle. Pendant que la Côte d’Ivoire et le Sénégal profitaient d’un tout relatif développement économique, la rebelle Guinée sympathisait avec le bloc communiste (c’est pas de chance quand même) et se faisait devancer par ses illustres voisins. Enfin bon, l’Afrique de l’Ouest ça reste fair-play : la Côte D’Ivoire a eu sa guerre civile, le Libéria a fait fort avec un des champions du monde des dictateurs (Charles Taylor). Le Mali s’est distingué récemment avec ses Touaregs qui défoncent Tombouctou à coups de pioche. Donc au final, même si la Guinée est un pays assez stable depuis seulement 2 ans (oui hein parce que les manifestants se faisaient tirer dessus en 2009), elle ne s’en sort pas trop mal. En plus, sa pluie abondante lui permet de donner à manger à ses habitants, et aux enfants la force de jouer au foot. Les matches se jouent dans la rue, et ma navette attend que les équipes lui fassent un passage. 

La rue, c’est la vie. Les gens n’en ont pas peur, les femmes traversent la seule autoroute avec des énormes plateaux remplis de fruits sur la tête, une prouesse que l’on ne peut observer qu’en Afrique. Faute d’avoir des jardins et des salons, tout se passe dans la rue. Les gens vont et viennent, je me demande ce qu’ils peuvent bien tous faire. Pour commencer, un bon quart de tous ces gens se ballade avec un stock de marchandises à vendre : des bouteilles d’eau, du manioc, du pain. Comment peuvent-ils tous avoir des clients ? Ces super-urbains font partie des plus pauvres de la ville, et ce serait une erreur que de ne pas mentionner les habitants plus riches, qui habitent dans des appartements et des maisons, mais que l'on voit moins au début. Conakry est un prisme qui nous présente l’intégralité du spectre de la richesse matérielle. Pendant mon séjour ici, je serai d’ailleurs moi-même un expat’ aisé, logé dans une résidence et disposant de chauffeurs RioTinto pour me rendre au travail ou sortir le soir. Il faut que je prenne cette place sans arrière-pensée  ni remords, parce que les inégalités culturelles ou sociales ne se discutent pas. On ne change pas les conditions initiales. 

Arrivé à l’hôtel, je sors le contenu de mon sac à sécher. Je me rends compte que mon huile essentielle à la citronnelle anti-moustiques (Nature & Découvertes ©) a éclaté et a méchamment imbibé toutes mes affaires. J’atteste dans cet article de l’intensité de cette huile essentielle, après 3 semaines passées sur place j’en ai encore les yeux qui piquent. Mon sac à dos quant à lui repoussera les moustiques pendant plusieurs générations.

1 commentaire:

  1. Coucou Piotr! C'est cool que tu remettes à jour ton blog comme ça on peut partager un peu avec toi ta vie là bas! C'est fou toute cette pluie ça semble presque irréaliste! A bientot biz

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