vendredi 27 juillet 2012

ARCHIVE E-MAIL : De Luganville à Port Vila



Déjà 5 semaines au Vanuatu, plus que 6 semaines à passer dans ce pays envoûtant.
De Luganville à Port Vila, le contraste est certain. 5 fois plus d'habitants, plein d'expatriés (soit Français soit Australiens en général, combien de risques je prends en disant que je suis le seul polonais à habiter ici ??), un centre ville un peu plus sophistiqué, francophone, avec quelques restos, un ou 2 magasin d'électronique, des sièges d'ONG à droite à gauche. Mais pas de panique, on est loin des rues commerciales polluées par des McDo (0 au Vanuatu, pourvu que ça dure) et des boutiques H&M. Très loin même, puisque la mode n'est pas un concept très répandu au Vanuatu. Les fringues se portent longtemps et sans vergogne (T shirt publicitaire ridicule non pertinent ? Pas de problème !) et se partagent au sein d'une famille. A Port Vila, il y a aussi beaucoup plus de touristes, qui débarquent notamment des paquebots en croisière dans le Pacifique. Il m'arrive des fois de me faire haranguer dans la rue pour acheter des trucs, une petite phrase en Bichelamar bien calée est suffisante pour se faire respecter. Il faut dire que depuis que je me suis rasé les cheveux à Santo, j'ai l'air beaucoup plus menaçant. Pour des rencontres authentiques, il faut aller comme d'hab au nakamal. A Efate, le kava n'est en général pas frais et donc moins bon (encore plus dégeu ouais) et fort qu'à Santo. J'en prends donc un peu moins et j'alterne parfois avec des soirées à l'ancienne avec les autres expatriés français.

Avec son centre ville sophistiqué, ses supermarchés vendant des produits français (j'ai même trouvé de la Fourme d'Ambert en import, true story) et sa jolie baie, la ville n'en reste pas moins dans l'esprit Vanuatu. Si les expats habitent dans des maisons (parfois des colocs) ou des blocs d'appart aménagés exprès, tous les locaux habitent en famille dans des groupements / villages en dehors du centre. Comme d'hab, pas de routes, parfois de l'électricité (mais la plupart n'en a pas vraiment besoin) et bien sur 1 nakamal toutes les 5 maisons. On a fait un calcul avec un local, sur l'île d'Efate (de Port Vila) il y a 1 nakamal pour 100 personnes. A cause de la situation un peu différente au niveau logement ici, je ne suis pas arrivé à trouver un logement décent pour une période si courte. Je suis donc obligé de rester dans des motels / guesthouses. C'est cher mais au moins je peux partir en vadrouille pour le week-end sans payer 2 logements en même temps.

Au niveau du travail, c'est un peu chaud. Je travaille avec le gouvernement, et autant dire qu'au niveau structure, c'est un peu la merde. Mon bureau est dans un bâtiment qui fait penser à un hopital abandonné. Ce dernier est d'ailleurs placé en pole-position de chute en cas de tremblement de terre majeur (les îles sont volcaniques...). Le staff n'est pas au complet par rapport aux besoins, la coordination est un peu chaotique. Je travaille donc tout seul sur mon projet, je dois tout arranger moi-même y compris des meetings avec des cabinets de ministre. Mais c'est ça qui est bon ! Ma mission consiste en très gros à faire collaborer les acteurs de l'eau ensemble, à créer un process de collaboration qui peut marcher une fois que je suis parti d'ici. On verra ce qui se passe dans 6 semaines.

Je voulais profiter de ce mail pour parler de 2 concepts qui méritent bien un paragraphe à eux seuls. Le premier est le glorieux concept de la bouffe. Tout d'abord il faut dire que les Ni-Vans mangent comme des porcs. Il n'y aura jamais de problème de nourriture au Vanuatu. Dans la forêt il est facile de ramasser des fruits et des racines si tu te sens l'esprit d'un aventurier. Les citrons, oranges, pamplemousses, papayes, avocats, bananes, guavas... poussent par milliers et sont faciles d'accès. Pour ce qui est de la cuisine, en outre de la cuisine traditionnelle qui consiste par exemple à faire cuire tout et n'importe quoi dans des feuilles de bananier, le pays a su profiter de l'influence française et propose des mets plus que propices. Il est possible, dans n'importe quel café, de commander un expresso et un pain au chocolat pour le petit dèj. Le pain est pas trop mal, et les restos n'ont pas à rougir en qualité. En poussant le bouchon, on trouve dans le supermarché tous les principaux produits français en import. Je viens de m'acheter un pot de cornichons, de la moutarde à l'ancienne, du jambon, de la Leffe (et BIM), mais pas de mayonnaise hélas (mon accès à un frigo n'est pas continu, DAMN). Tout ça pour dire que le Vanuatu, avec ses 200 000 habitants vivant majoritairement dans des huttes, fait un gros doigt à l'Australie où il est impossible d'avoir un régime alimentaire correct et une bière digne de ce nom (chauvin ? jamais).

Un aspect important du pays est la famille. C'est un concept plus étendu que chez nous, et qui est difficile à comprendre immédiatement. Le moindre échange généreux ou complexe peut mener à la création de liens permanents. L'ephémère n'existe pas dans les relations du Vanuatu. Après 3 semaines passées seul à Luganville, j'avais parlé à pas mal de monde et ces personnes venaient me voir quand elles me croisaient en ville, certaines allant jusqu'à venir me voir à mon hôtel. A l'aéroport de Vila, alors que j'attendais mon vol, j'ai prêté mon appareil photo à des enfants qui ont joué avec un certain temps (d'où les photos sur ma galerie, d'ailleurs mise à jour). Après la famille m'a invitée chez elle à Vila, ce que je vais faire dans les prochaines semaines. Lorsque je suis parti de Luganville, ma principale de collègue de travail, qui m'avait un peu pris sous son aile et appris les bases du Bichelamar, m'a offert un bâton sculpté traditionnel de sa communauté, et avait les larmes aux yeux en me voyant partir. Cela m'a assez surpris, nous ne sommes pas habitués à devenir si proches de nos amis en si peu de temps. Hier, ce que j'espérais s'est enfin produit. Un local avec qui j'avais eu des discussions fascinantes denièrement m'a adopté dans sa famille en tant que frère. J'ai maintenant un nouveau nom de famille à utiliser au Vanuatu, et plein de gens que je dois appeler "brota" et "sista". Alors attention hein, la pratique est courante vis à vis des expats et il ne faut pas trop prendre ça trop solenellement. Cela implique juste que je vais passer pas mal de temps avec un groupe de personnes en particulier, notamment cet après midi où mon brota Salis me présentera à d'autres gens de sa famille. Il serait aussi bien vu que j'aille visiter son île, Pentecost (l'île du saut du Gol http://en.wikipedia.org/wiki/Land_diving). Au Vanuatu le concept de famille et plus large que chez nous, par exemple les cousins sont des frères, les cousins éloignés sont les cousins, et ainsi de suite.

Voilà, c'était long mais plus c'est long plus c'est bon. Pour le week-end prolongé de pâques j'organise le fameux trip sur l'île de Tanna, avec son volcan en activité et ses coutumes spéciales. Là bas, le kava n'est pas haché par de une machine ou écrasé entre des bouts de bois. La racine y est mâchée par les hommes du village avant préparation. Ainsi, le kava de Tanna est le plus fort du monde. Je mettrai des photos du volcan en ligne la semaine prochaine.

Tata

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