dimanche 23 septembre 2012

Journée presque type à Conakry (2/2)


Petite rue de Conakry

Je sors de notre cantine préferée. Le chauffeur RioTinto nous a attendu, et a pris quelque chose à grignoter dans une gargotte au bord de la route. Parfois, un consultant l'invitera à prendre le déjeuner avec nous. Je suis personellement opposé à cette pratique, qui sonne comme une faveur et qui créée des inégalités au sein de l'équipe des chauffeurs. D'une façon générale, mon expérience au Vanuatu m'a appris que la charité recèle de nombreux pièges dans lesquels il est très facile de tomber. J'ai pu par exemple constater les tensions naissant entre communautés lorsqu'une ONG implémentait 1 projet d'eau potable et d'assainissement dans un lieu, mais ne se préoccupait point du village voisin. En bref, je suis à ce jour en pleine réflexion à propos des façons "vertueuses" d'être généreux envers ceux qui possèdent moins.

Nous rentrons au bureau. Après un café et quelques mails, nous décidons d'aller visiter un ministère en ville pour déposer une lettre officielle. Et oui, il n'y a pas de service de poste performant et la seule façon (ou en tous cas la plus fiable) d'avoir des communications formelles avec le gouvernement est de se transformer en coursier de luxe. La lettre est adressée à Son Excellence Monsieur... Diallo. Cela vous rappelle quelque chose ? Sûrement. Il faut savoir que la Guinée comporte 3 ethnies majoritaires, ayant des dialectes et des histoires différentes : les Peul, les Malinké et les Soussou. Chaque ethnie a donné naissance à un certain nombre de patronymes. Par rapport aux standards français, ce nombre est... bas. Selon des estimations, le nom Diallo est par exemple porté par pas moins de 10% de la population. Parmi les noms les plus répandus, on compte aussi les Bah, Touré, Barry, Fofana... Le patronyme communique instantanément l'ethnie d'appartenance d'un individu, et peut déterminer le comportement d'un autre Guinéen vis à vis de cet individu ! 

Je me trouve à nouveau dans la voiture, la fameuse lettre en main, à parcourir les rues du centre ville de Conakry. La circulation est difficile, les bouchons sont encore et toujours un grand classique de la ville. Et comme toujours, les vendeurs mobiles spécialisés dans la tranche de marché "expatriés coinçés dans embouteillages" nous proposent un choix de produits alimentaires ou pas. Aujourd'hui j'ai le choix entre des CD de Mariah Carey, des cintres, et des pâtes.

Vendeuses d'embouteillage


Nous passons dans le quartier Tombo (et un de mes endroits préferés, la Pharmacie Tombo, il faut que j'en prenne une photo) et nous finissons par arriver au ministère. Le contraste avec le bureau où je travaille est saisissant. Les couloirs sont en rénovation, beaucoup de bureaux ne sont pas bien équipés. La climatisation est réservée à l'élite. C'est simple, l'entreprise minière qui s'installe en Guinée a bien plus de moyens financiers que le gouvernement duquel elle dépend pour exploiter la ressource nationale. Cette relation économique est bizarre et impacte notre travail au quotidien.

Une fois la lettre déposée et quelques mots échangés avec l'administration, nous repartons vers le bureau. Pas de chance, il est 16h et tout le centre ville rentre à la maison. Il n'y a pas d'astuce, pas d'itinéraire bis, pas de raccourci. Une seule route ramène tout ce beau monde vers l'intérieur des terres, la corniche (voir la carte de la ville dans un précedent message). Sans surprise, ça ne marche pas très bien et il nous faut plus d'une heure pour rentrer.

En bonus : Un bus à Conakry. Notez la différence de niveau au dessus des roues... 


Après la journée de travail et un peu de repos (passé à essayer de capter un internet correct), nous décidons de sortir. Après tout il est jeudi, et Cylane fait son concert hebdomadaire au "Select". Il faut retourner au centre ville mais la circulation se fait plus facilement. Faut-il encore se faufiler à travers les matches de foot improvisés par les enfants, qui ont installé leurs petites cages faites maison sur la route (dans une ville aussi compacte, la rue est un des seuls endroits à avoir l'espace nécessaire à un match de foot). Alors que notre 4x4 avance, c'est à peine si leur match s'interromp, les enfants sont insouciants. 

Nous arrivons au Select. Le concert commence, très agréable comme toujours. Soudain, un évènement imprévu se produit. Tout le courant est coupé, la boîte de nuit est plongée dans l'obscurité. Il y a un moment de flottement, mais petit à petit plein de petits points de lumière, des téléphones portables, s'allument et éclairent l'espace fermé du Select. La musique n'a jamais cessé. Certes, le clavier, le micro et la guitare ne marchent plus, mais le batteur a continué, imperturbable. Il commence donc un solo fou, qui durera jusqu'au retour du courant, 5 minutes plus tard. Soucieux de combler son public, le chanteur (aveugle, ne l'oublions pas) se tourne vers la batterie. Il tâtonne, et positionne ses mains sur les toms supérieurs de la batterie. Son batteur, sans s'arrêter, lui passe une baguette de rechange, entourée d'environ 17 couches de scotch. Le chanteur, maintenant armé d'une baguette et d'une main vide, rejoint le batteur dans sol solo. Nous assistons, médusés, à un concert de percussion improvisé de 2 personnes, placées des 2 côtés de la batterie. Le tout dans l'obscurité interrompue seulement par quelques téléphones portables. Lorsque l'électricité revient, le chanteur reprend sa place tant bien que mal et le groupe reprend la chanson là où elle s'était interrompue 5 minutes avant. Ce moment magique reste à ce jour un de mes préferés ici.

L'arène musicale du Select

jeudi 23 août 2012

Journée presque type à Conakry (1/2)

Vue aérienne du centre ville de Conakry

Depuis que je suis arrivé, il se produit une moultitude de faits divers, anecdotes, d’aspects de vie très spécifiques à L’Afrique. J’ai gardé tout ça dans un coin et je me suis dit que la meilleure façon de mettre en forme ces petits bouts de récit tout à fait véridiques serait de les inclure dans une journée tout à fait factice. Voici donc le récit d’une journée à Conakry, avec un condensé de ce qui peut arriver à un expatrié moitié Français moitié Polonais.


Je me réveille à 6h30 et j’ai super froid bordel. Je me suis fait encore avoir par la clim’. La température environnante peut changer très vite pendant la nuit, et il faut arriver à régler la clim’ pour que ce soit sec au coucher, mais à bonne température pendant la nuit. Ce matin c’est l’échec. Je vais voir dehors, il pleut des seaux d’eau et la mer est agitée. Ma résidence est bâtie au bord de mer, littéralement. C’est tellement littéral qu’à marée haute le mur de la cour se transforme en digue. 

Ma résidence ne résistera pas à la montée des eaux...

Ce matin les vagues sont fortes et tapent contre ce mur, provoquant des retombées sous ma fenêtre : Ce sont les déchets de Conakry, que les canaux de la villle déversent habilement dans l’océan Atlantique. Cette fraîcheur matinale aux subtils accents de poubelle me revigore et après un super instant toilette je monte prendre le petit déjeuner. Tout le bâtiment est géré par une société de catering (style Sodexho) et la nourriture répond à des exigences strictes et des standards élevés. J’ai le droit à mes crêpes tout juste préparées tous les matins, je suis prêt à parier que c’est la meilleure crêperie de Conakry. La nourriture ne doit absolument pas sortir de la salle à manger ni être resservie le lendemain. Du coup, tout ce qui n’est pas consommé est jeté, sans tellement de considération pour les éventuelles personnes qui ont faim, ou qui ne savent pas vraiment à quoi ressemble un crêpe. Je ne suis même pas sûr que les cuisiniers ont le droit d’y toucher. Une petite pensée pour la faim en Afrique ? Non ? Bon ba tant pis on fera ça une autre fois. Je prends en sortant quelques bananes pour les gardes de sécurité de la résidence, on n’a jamais trop d’amis.

Je vais au travail, il est 7h50. Le garde de ma résidence est de bonne humeur. Il m’interpelle moi et ma collègue :

"Vous êtes jeunes et vous travaillez, vous savez moi ça me fait plaisir ! Et sinon depuis que vous êtes ici, vous avez trouvé des filles et des garçons ? Vous savez, c’est bien les hommes noirs et les femmes noires !

Moi : - Non, pas encore

Lui : - Eh ben attends jeune homme, moi je vais t’en trouver ! Toi aussi, je vais te trouver un homme ici !

Ma collègue : -Mais moi j’ai un copain !

- Mais … il est noir ?

- Non

- Eh bien je vais te convertir ! Tu vas voir je vais te trouver quelqu’un !"

Nous le saluons et nous continuons notre route. La pluie de la nuit a transformé les 100m qui nous séparent des bureaux en lac instantané. Cela arrive tous les 3 jours. Moi, j’ai proposé d’installer une tyrolienne entre la résidence et les bureaux mais personne n’est réceptif à cette idée. A la place, nous allons devoir effectuer ces 100m en voiture. Un 4x4 RioTinto nous fait ce superbe transport de 10 secondes, sous les yeux amusés des enfants qui s’amusent à proximité.

Je m’installe à mon bureau, juste avant 8h. Je prends bien soin de saluer tous mes collègues d’une bonne poignée de main ferme et honnête. Ce rituel est sacré, et le « bonjour » français est remplacé par un « bonjour, ça va ? » avec en général un bonus, soit un « la famille ça va ? » ou un « le jeûne, ça va ? » (c’est un bonus spécial ramadan, utilisation à durée limitée). Mon quotidien au travail n’est pas très intéressant, il se comporte de coups de fils, de plans de construction, de cafés (Une machine Nespresso, très propice pour les expats), je fais des Outlooks, des internets (lents) et des double-clics sur des fichiers pdf. Tout est assez speed mais ça passe bien, et dans la bonne humeur bien sûr. 

Il est midi, j’ai faim et nous nous préparons à aller manger. Mon seul moyen de déplacement à Conakry : la voiture RioTinto (plusieurs voitures avec chauffeurs sont mises à disposition tout au long de la journée). Je n’ai pas le droit de prendre un Taxi (peut être dangereux) et marcher serait bizarre. Je ne saurais même pas dire si c’est dangereux, ça ne se fait pas, c’est tout. Les blancs ne se promènent pas à pied en plein Conakry. J’appelle donc un chauffeur que je connais, je lui demande de venir et c’est parti. Avec mes collègues, pour le déjeuner nous ne jurons que par un seul endroit : l’Institut Professionnel Moderne. C’est une école technique privée pour les jeunes guinéens dont la salle principale se transforme tous les midis, pour des raisons inexpliquées à ce jour, en cantine pour riches guinéens / expatriés. 

L'IPM

Un des plats locaux servis par l'IPM

Nous y mangeons des plats qui changent tous les jours, mais surtout, personne n’est JAMAIS tombé malade après avoir été là-bas. C’est un trésor à chérir, un lieu sacré où tout est permis, un restaurant où la feuille de salade, provoquant habituellement une diarrhée automatique (car lavée à l’eau du robinet) inspire confiance. L’IPM est un joyau qui illumine Conakry et respecte nos fragiles systèmes digestifs.

Au moment de payer, c’est toujours la pagaille, merci le système monétaire. Un € équivaut à 9000 Francs Guinéens (GNF). Il n’y a pas de pièces, que des billets de 100, 500, 1000, 5000 et 10000 GNF. Les prix ne sont en plus pas si bas que ça. C’est comme si en France, nous devions nous contenter des pièces entre 1 centime et 2€ pour absolument tous les achats. J’ai toujours sur moi ma petite liasse de billets, j’ai même été officiellement millionnaire au début de mon séjour. Payer la facture peut vite prendre 15 minutes, si on est beaucoup. Il y a toujours une erreur et on recompte tout 3 fois en général.

La bagatelle de 50€ environ

La suite au prochain article !

lundi 13 août 2012

Les sorties sont rares




Ma deuxième rotation à Conakry est pour l'instant la plus tranquille. La Guinée est un pays majoritairement musulman. Le Ramadan bat son plein et les Guinéens terminent leur journée à 16h, les cantines limitent leur carte à quelques plats, les bars et les restaurants sont vides. C'est dans la rue, encore, que tout se passe. Les étals vendant de la nourriture fleurissent au bord de l'autoroute, les vendeurs à la sauvette profitent des embouteillages monstrueux de la fin de la journée pour gagner leur vie : des dizaines de jeunes se promènent entre les voitures avec des fruits du pain, des cacahuètes, des poulets vivants et même des lapins. Ces marchés sont monnaie courante à Conakry, et en général la façon la plus simple de se procurer quelque-chose d'introuvable est de rentrer dans un embouteillage. Dans les quartiers "riches" de la ville, les embouteillages se transforment en supermachés "spécial expat", on peut y acheter de la lessive, des cintres, des cartes téléphoniques, des souvenirs, des sprays anti moustique et des CD de musique africaine kitsch. Il est possible de meubler un appartement sans sortir de la voiture.
 
Si les marchés de rue s'agitent pendant la journée, c'est pour préparer la rupture du jeûne à 19h20, lorsque le soleil se couche. Les familles achètent la nouritture la plus copieuse qu'ils peuvent se permettre pour ce mois qui est pour eux très spécial. La plupart de ces familles mangeront cependant de la bouillie aux céréales, et se permettront de la viande ou du poisson à la fin du Ramadan. Pour me rapprocher de mes collègues de bureau, j'ai d'ailleurs moi-même fait le jeûne vendredi dernier. J'ai beaucoup ramé le matin, mais j'ai réussi à tenir pas trop mal l'après-midi, et c'est l'esprit ramolli mais content que je dévorais mon repas du soir.
 
Cette période accentue encore plus le côté "sous-marin" de ma vie d'expatrié à Conakry. Mes bureaux se trouvent à 2 minutes de marche de ma résidence (assez luxueuse pour l'endroit, et assez fermée du monde extérieur), et je n'ai pas le droit d'utiliser d'autres voitures (taxis, voitures de location) que les voitures RioTinto, avec chauffeurs dévoués. D'ailleurs nous avons depuis peu un couvre-feu à 22h30, au delà duquel aucune voiture ne peut nous transporter. Par conséquent, les sorties tardives sont rares. Par contre, elles sont mémorables.
 
Il est jeudi soir, il ne pleut pas à Conakry. Nous sortons pour fêter le départ d'une collègue. Après un apéritif en bord de mer, nous décidons d'aller en boîte de nuit. Le choix se porte sur le "Select", une boîte VIP dans laquelle les blancs sont bien sûr tous les bienvenus, et leurs portefeuilles aussi. Cette boîte s'organise un peu différemment qu'une boîte française. C'est un espace circulaire de 2 étages, occupé en son centre par une scène musicale à 360°. Le chanteur, Sylane, et son groupe, alternent entre Reggae et chansons africaines. Les VIP guinéens présents au balcon au dessus de la scène sortent des liasses de billets de 500 francs guinéens (5 centimes) et les lancent sur le groupe, créant une pluie de billets de banque comme on n'en voit que dans les films. Le groupe pourra garder l'argent, mais doit chanter des louanges au nom du donateur. Ainsi, selon la générosité du quidam, certaines chansons (improvisées) durent plusieurs dizaines de minutes. J'observe le batteur avec attention et scepticisme : il tient ses baguettes à l'envers, et son visage endormi démontre une certaine torpeur. Son style défie toutes les règles de base de la batterie, et pourtant, ça marche. Pour terminer son concert, le groupe entonne "We are the world", repris en choeur par la foule du Select. Ce moment est juste parfait et remporte la médaille d'or de l'ironie. Je suis bien en Afrique.
 
 
Almost fun facts:
  • L'âge moyen du premier enfant pour les femmes est de 16 ans
  • Un des quartiers de la ville s'appelle Tombo. Il y a là bas une pharmacie, qui s'appelle donc la Pharmacie Tombo
  • Il y a plein de cochons dans les rues. Ce sont les cochons de Guinée. Les fameux, les célèbres, les Guinea Pigs. Je sors cette blague à tout le monde ici, personne n'a encore ri. Mais je persiste.
  • La bière la plus prisée s'appelle la Guiluxe, comme Guinée et Luxe, mais du coup chaque bière me fait penser à Intervilles

vendredi 27 juillet 2012

Bienvenue en Guinée



L’arrivée dans un nouveau pays est toujours délicate. Les premières impressions tiennent une place importante dans le ressenti du voyageur. Et souvent, c’est donc les premières images, à la sortie de l’aéroport, qui donnent le ton. Mon avion arrive en plein après-midi. Je suis accueilli par un chauffeur RioTinto et une pluie battante, impressionnante. Ma première impression, c’est donc celle-là, la traversée du parking de l’aéroport avec mon sac sur le dos, sous une pluie si forte qu’on en ressent le poids. Je me dis qu’en 100 mètres je ne risque rien à ne pas mettre l’imperméable. Je m’en souviendrai 1 heure plus tard quand je sortirai la moitié de mes vêtements à sécher.


Aperçu de la pluie et de son effet sur une rue du centre ville

1 heure, c’est bien ce qu’il faut pour faire les quelques kilomètres qui séparent l’aéroport de mon premier logis (un hôtel). La circulation est un des aspects majeurs de Conakry, combinée aux conditions météo, c’est elle qui décide si la journée de travail est un échec ou une réussite. Mais j’y reviendrai, ça mérite bien un article entier. Mon premier voyage dans la navette RioTinto est une découverte brutale de la vie dans cette métropole africaine

La plupart des gens présents dans le centre – dont des migrants des zones rurales où le concept d’Economie n’a pas pointé le bout de son nez – vivent dans des logements improvisés au bord des routes. Certains habitent dans des petites maisons sans portes ni fenêtres (sans électricité ni eau, sans doute), d’autres ont construit des « extensions » aux bâtiments avec des planches en bois, des tôles, ou des bâches tendues avec des bâtons. Les possessions de ces familles se comptent sur les doigts de la main, et ces possessions semblent définir une part d’identité des gens de la rue. Celui qui possède une télé accueille les jeunes le soir, celle qui possède des ustensiles de cuisine vend de la nourriture. La Guinée est, pour des raisons historiques, un des pays les plus pauvres du monde. Lors de son indépendance (1958), la Guinée a refusé de faire partie de l’entente économique France – Afrique proposée par De Gaulle. Pendant que la Côte d’Ivoire et le Sénégal profitaient d’un tout relatif développement économique, la rebelle Guinée sympathisait avec le bloc communiste (c’est pas de chance quand même) et se faisait devancer par ses illustres voisins. Enfin bon, l’Afrique de l’Ouest ça reste fair-play : la Côte D’Ivoire a eu sa guerre civile, le Libéria a fait fort avec un des champions du monde des dictateurs (Charles Taylor). Le Mali s’est distingué récemment avec ses Touaregs qui défoncent Tombouctou à coups de pioche. Donc au final, même si la Guinée est un pays assez stable depuis seulement 2 ans (oui hein parce que les manifestants se faisaient tirer dessus en 2009), elle ne s’en sort pas trop mal. En plus, sa pluie abondante lui permet de donner à manger à ses habitants, et aux enfants la force de jouer au foot. Les matches se jouent dans la rue, et ma navette attend que les équipes lui fassent un passage. 

La rue, c’est la vie. Les gens n’en ont pas peur, les femmes traversent la seule autoroute avec des énormes plateaux remplis de fruits sur la tête, une prouesse que l’on ne peut observer qu’en Afrique. Faute d’avoir des jardins et des salons, tout se passe dans la rue. Les gens vont et viennent, je me demande ce qu’ils peuvent bien tous faire. Pour commencer, un bon quart de tous ces gens se ballade avec un stock de marchandises à vendre : des bouteilles d’eau, du manioc, du pain. Comment peuvent-ils tous avoir des clients ? Ces super-urbains font partie des plus pauvres de la ville, et ce serait une erreur que de ne pas mentionner les habitants plus riches, qui habitent dans des appartements et des maisons, mais que l'on voit moins au début. Conakry est un prisme qui nous présente l’intégralité du spectre de la richesse matérielle. Pendant mon séjour ici, je serai d’ailleurs moi-même un expat’ aisé, logé dans une résidence et disposant de chauffeurs RioTinto pour me rendre au travail ou sortir le soir. Il faut que je prenne cette place sans arrière-pensée  ni remords, parce que les inégalités culturelles ou sociales ne se discutent pas. On ne change pas les conditions initiales. 

Arrivé à l’hôtel, je sors le contenu de mon sac à sécher. Je me rends compte que mon huile essentielle à la citronnelle anti-moustiques (Nature & Découvertes ©) a éclaté et a méchamment imbibé toutes mes affaires. J’atteste dans cet article de l’intensité de cette huile essentielle, après 3 semaines passées sur place j’en ai encore les yeux qui piquent. Mon sac à dos quant à lui repoussera les moustiques pendant plusieurs générations.

ARCHIVE E-MAIL : Les voyages culturels de Régis



Plus que 3 semaines au Vanuatu.

Ce stage de forme bizarre se révèle au final très court, trop court pour apprécier la totalité du Vanuatu, sûrement, mais assez pour ce projet intense qui ne m'a pas trop laissé le temps de me poser. Pour découvrir le Vanuatu, il faut sortir de la ville, aller dormir dans la hutte du local, et aller marcher dans la jungle d'une île éloignée. Dans cette optique j'ai pu passer quelques week-ends sympathiques qui étaient assez énormes.

Pour le week-end de Pâques, j'ai voyagé à Tanna, une des îles du Vanuatu qui a gardé le plus ses coutumes d'antan. C'est aussi l'île qui a le site touristique le plus visité du pays, le volcan Yasur en activité mais pas trop quand même, assez éloigné de la civilisation mais pas trop quand même, et c'est quelques 30 touristes par jour qui montent au volcan en empruntant la route qui les amène à un "parking" à 100m du cratère pour la modique somme de beaucoup. A noter qu'il n'y a pas vraiment de parking, route ou système de transport à Tanna, l'île se traverse sur des parcours boueux dans des 4x4 pilotés par des conducteurs privés malades mentaux qui, s'ils le voulaient, pourraîent traverser le centre ville de Lyon en 10 minutes un vendredi à 17h. Ou alors, tu peux marcher, un bon 7h de marche entre l'aéroport et le volcan, penser à amener machette et guide. J'ai choisi d'habiter dans un petit bungalow privé à côté d'un village tout près du volcan, pensant pouvoir vivre une aventure authentique avec des gens bien "made in Vanuatu". Raté, l'argent a corrompu la zone, tout se paye (oh, une assiette de riz et poulet pour 8€, vraiment??). Le propriétaire propose plein d'activités, comme des promenades à cheval pour 10€ et un "garden tour with coconut tasting" pour 4€. L'objectif primaire du séjour était donc devenu d'essayer de se barrer d'ici au plus vite. Après une rando jusqu'à Port Resolution qui abrite une plage qui représente, de part ses charactéristiques esthétiques, un endroit de beauté non négligeable, j'ai vécu la soirée avec les gens du village des suiveurs de Jon Frum, ou le culte du cargo. Ces gens là ont une "religion" unique au monde qui a été causée par la présence de troupes américaines pendant la 2nde guerre mondiale (http://en.wikipedia.org/wiki/Cargo_cult) Ces gens là vivent donc sans argent, dans des règles qui nous échappent un peu, mais quand on les approche ce sont quand même des gens assez géniaux. Pour preuve, tous les vendredis des groupes se relaient pour jouer des chansons de 18h à 6h du matin... Ces chansons sont dictées par les rêves. Voici un extrait:

Pour l'anecdote, le chef du village est venu me voir, m'a demandé d'écrire mon adresse sur un bout de papier, et m'a promis de m'envoyer une "carte postale" (mais monsieur, il n'y a pas de cartes postales sur ton île ?).

Le jour d'après j'ai trouvé un vrai village avec des gens pas corrompus par les sous, et en fin de journée nous sommes allés au volcan, cette fois par la route "rando improvisée sur le flanc". Après avoir traversé les collines rouges d'oxyde de fer et de souffre, le canyon créé par la rivière et les plaines de cendres (les photos sont plus parlantes), nous montâmes le mont Yasur qui était beaucoup plus actif que quand j'y étais allé pour la première fois 2 jours auparavant. Et autant dire que les jeux vidéo ne mentent pas, la lave en fusion ça existe pour de vrai. A distance plus ou moins acceptable du centre des cratères, on observe les explosions successives du volcan, et les boules de lave projetées à un bon 100m dans les airs. Ces explosions sont tellement bruyantes et fracassantes qu'en général une fois en haut personne ne fait le malin et on atteint des moyennes de cardio impressionantes. Le "highlight" de ce spectacle, une boule de lave qui passe quelques mètres au dessus de notre tête et atterrit 10m derrière nous. Nous sommes allés la voir et avons posé pour quelques photos mémorables, puis on s'est barrés vite fait sans faire d'histoires.

Après ce week-end fort en émotions j'ai passé la semaine d'après 3 jours sur une petite île près d'Efate, Nguna. Etant près de la civilisation, les gens vivent parfois dans des maisons en briques (mais bon sans électricité ni eau quand même faut pas déconner) et possèdent quelques petits bateaux pour aller vendre des produits sur le marché de Port Vila et ramener des touristes de temps à autre. Toujours de belles vues sur cette île et des gens très sympas, il suffit de s'asseoir à côté d'un groupe dans un village pour se voir apporter des fruits par exemple.

Les écoles françaises et anglaises, très implantées dans le pays, donnent au Vanuatu une bonne dose d'éducation/colonisation. Les îles étant petites, il est rare (mais possible) de trouver des communautés qui n'ont jamais touché à la culture occidentale comme en Amazonie ou Papouasie Nouvelle Guinée. Si beaucoup vivent dans des huttes en bambou c'est à cause du prix des matières premières. Ces derniers jours j'ai passé beaucoup de temps (plus qu'avec la bande qui m'avait "officiellement" adopté) avec un groupe de frères d'Ambrym. Ils sont les fils d'un chef haut gradé de l'île et ont grandi en apprenant leurs coutumes traditionelles. Ils ont un business pour les touristes à Port Vila, auquel ils m'ont invité. On a partagé un bol de riz à côté de leur hutte, ils étaient habillés en T Shirt et short assez sale, comme la plupart des gens ici d'ailleurs. Un mec est arrivé en criant que les touristes arrivaient, ils ont tout laché, caché tous les aspects occidentaux (il y avait une tente quechua sur la place du village) et se sont mis à courir dans tous les sens pour être prêts. Lorsque les touristes sont arrivés, ils sont arrivés habillés de feuilles de bananier avec les peintures tribales traditionnelles. Il s'en est suivi un petit show touristique mais authentique qui démontrait quelques pratiques de l'île d'Ambrym. Après le spectacle, ils se sont changés de nouveau et m'ont raccompagné jusqu'à la route et jouant de la guitare et chantant en anglais. Au moins la colonisation n'a pas trop cassé la sympathie des gens !

ARCHIVE E-MAIL : De Luganville à Port Vila



Déjà 5 semaines au Vanuatu, plus que 6 semaines à passer dans ce pays envoûtant.
De Luganville à Port Vila, le contraste est certain. 5 fois plus d'habitants, plein d'expatriés (soit Français soit Australiens en général, combien de risques je prends en disant que je suis le seul polonais à habiter ici ??), un centre ville un peu plus sophistiqué, francophone, avec quelques restos, un ou 2 magasin d'électronique, des sièges d'ONG à droite à gauche. Mais pas de panique, on est loin des rues commerciales polluées par des McDo (0 au Vanuatu, pourvu que ça dure) et des boutiques H&M. Très loin même, puisque la mode n'est pas un concept très répandu au Vanuatu. Les fringues se portent longtemps et sans vergogne (T shirt publicitaire ridicule non pertinent ? Pas de problème !) et se partagent au sein d'une famille. A Port Vila, il y a aussi beaucoup plus de touristes, qui débarquent notamment des paquebots en croisière dans le Pacifique. Il m'arrive des fois de me faire haranguer dans la rue pour acheter des trucs, une petite phrase en Bichelamar bien calée est suffisante pour se faire respecter. Il faut dire que depuis que je me suis rasé les cheveux à Santo, j'ai l'air beaucoup plus menaçant. Pour des rencontres authentiques, il faut aller comme d'hab au nakamal. A Efate, le kava n'est en général pas frais et donc moins bon (encore plus dégeu ouais) et fort qu'à Santo. J'en prends donc un peu moins et j'alterne parfois avec des soirées à l'ancienne avec les autres expatriés français.

Avec son centre ville sophistiqué, ses supermarchés vendant des produits français (j'ai même trouvé de la Fourme d'Ambert en import, true story) et sa jolie baie, la ville n'en reste pas moins dans l'esprit Vanuatu. Si les expats habitent dans des maisons (parfois des colocs) ou des blocs d'appart aménagés exprès, tous les locaux habitent en famille dans des groupements / villages en dehors du centre. Comme d'hab, pas de routes, parfois de l'électricité (mais la plupart n'en a pas vraiment besoin) et bien sur 1 nakamal toutes les 5 maisons. On a fait un calcul avec un local, sur l'île d'Efate (de Port Vila) il y a 1 nakamal pour 100 personnes. A cause de la situation un peu différente au niveau logement ici, je ne suis pas arrivé à trouver un logement décent pour une période si courte. Je suis donc obligé de rester dans des motels / guesthouses. C'est cher mais au moins je peux partir en vadrouille pour le week-end sans payer 2 logements en même temps.

Au niveau du travail, c'est un peu chaud. Je travaille avec le gouvernement, et autant dire qu'au niveau structure, c'est un peu la merde. Mon bureau est dans un bâtiment qui fait penser à un hopital abandonné. Ce dernier est d'ailleurs placé en pole-position de chute en cas de tremblement de terre majeur (les îles sont volcaniques...). Le staff n'est pas au complet par rapport aux besoins, la coordination est un peu chaotique. Je travaille donc tout seul sur mon projet, je dois tout arranger moi-même y compris des meetings avec des cabinets de ministre. Mais c'est ça qui est bon ! Ma mission consiste en très gros à faire collaborer les acteurs de l'eau ensemble, à créer un process de collaboration qui peut marcher une fois que je suis parti d'ici. On verra ce qui se passe dans 6 semaines.

Je voulais profiter de ce mail pour parler de 2 concepts qui méritent bien un paragraphe à eux seuls. Le premier est le glorieux concept de la bouffe. Tout d'abord il faut dire que les Ni-Vans mangent comme des porcs. Il n'y aura jamais de problème de nourriture au Vanuatu. Dans la forêt il est facile de ramasser des fruits et des racines si tu te sens l'esprit d'un aventurier. Les citrons, oranges, pamplemousses, papayes, avocats, bananes, guavas... poussent par milliers et sont faciles d'accès. Pour ce qui est de la cuisine, en outre de la cuisine traditionnelle qui consiste par exemple à faire cuire tout et n'importe quoi dans des feuilles de bananier, le pays a su profiter de l'influence française et propose des mets plus que propices. Il est possible, dans n'importe quel café, de commander un expresso et un pain au chocolat pour le petit dèj. Le pain est pas trop mal, et les restos n'ont pas à rougir en qualité. En poussant le bouchon, on trouve dans le supermarché tous les principaux produits français en import. Je viens de m'acheter un pot de cornichons, de la moutarde à l'ancienne, du jambon, de la Leffe (et BIM), mais pas de mayonnaise hélas (mon accès à un frigo n'est pas continu, DAMN). Tout ça pour dire que le Vanuatu, avec ses 200 000 habitants vivant majoritairement dans des huttes, fait un gros doigt à l'Australie où il est impossible d'avoir un régime alimentaire correct et une bière digne de ce nom (chauvin ? jamais).

Un aspect important du pays est la famille. C'est un concept plus étendu que chez nous, et qui est difficile à comprendre immédiatement. Le moindre échange généreux ou complexe peut mener à la création de liens permanents. L'ephémère n'existe pas dans les relations du Vanuatu. Après 3 semaines passées seul à Luganville, j'avais parlé à pas mal de monde et ces personnes venaient me voir quand elles me croisaient en ville, certaines allant jusqu'à venir me voir à mon hôtel. A l'aéroport de Vila, alors que j'attendais mon vol, j'ai prêté mon appareil photo à des enfants qui ont joué avec un certain temps (d'où les photos sur ma galerie, d'ailleurs mise à jour). Après la famille m'a invitée chez elle à Vila, ce que je vais faire dans les prochaines semaines. Lorsque je suis parti de Luganville, ma principale de collègue de travail, qui m'avait un peu pris sous son aile et appris les bases du Bichelamar, m'a offert un bâton sculpté traditionnel de sa communauté, et avait les larmes aux yeux en me voyant partir. Cela m'a assez surpris, nous ne sommes pas habitués à devenir si proches de nos amis en si peu de temps. Hier, ce que j'espérais s'est enfin produit. Un local avec qui j'avais eu des discussions fascinantes denièrement m'a adopté dans sa famille en tant que frère. J'ai maintenant un nouveau nom de famille à utiliser au Vanuatu, et plein de gens que je dois appeler "brota" et "sista". Alors attention hein, la pratique est courante vis à vis des expats et il ne faut pas trop prendre ça trop solenellement. Cela implique juste que je vais passer pas mal de temps avec un groupe de personnes en particulier, notamment cet après midi où mon brota Salis me présentera à d'autres gens de sa famille. Il serait aussi bien vu que j'aille visiter son île, Pentecost (l'île du saut du Gol http://en.wikipedia.org/wiki/Land_diving). Au Vanuatu le concept de famille et plus large que chez nous, par exemple les cousins sont des frères, les cousins éloignés sont les cousins, et ainsi de suite.

Voilà, c'était long mais plus c'est long plus c'est bon. Pour le week-end prolongé de pâques j'organise le fameux trip sur l'île de Tanna, avec son volcan en activité et ses coutumes spéciales. Là bas, le kava n'est pas haché par de une machine ou écrasé entre des bouts de bois. La racine y est mâchée par les hommes du village avant préparation. Ainsi, le kava de Tanna est le plus fort du monde. Je mettrai des photos du volcan en ligne la semaine prochaine.

Tata

ARCHIVE E-MAIL : Vanuatu, le pays oublié



Le Vanuatu a unehistoire franchement bizarre. Colonisé à la fois par l’Angleterre et la France,le territoire était jadis contrôlé en même temps par 2 administrationsdifférentes. En paix, mais dans une ambiance assez compétitive. Par exemple, lalégislation française ordonnait aux gens de rouler à droite et la loi anglaiseà gauche. La rumeur dit que ça posait quelques problèmes. Les gens d’ici (lesni-Vans) en ont eu finalement marre de ce merdier et ont pris leur indépendanceen 1980. Le Vanuatu est le pays avec la plus grande densité linguistique aumonde, car la plupart de ses habitants vivent encore de manière traditionnelle.Mais la colonisation est passée par là et maintenant il y a 3 languesofficielles : l’anglais, le français et le bichlamar. Tous les ni-Vansparlent le bichlamar, et après il faut avoir un peu de chance. Le bichlamar estné lorsque des gens d’îles différentes travaillaient ensemble en tantqu’esclaves et devaient trouver un moyen de communiquer. Le bichlamar est doncun anglais que les ni-Vans ont simplifié à grands coups de cocotier.Exemple :
« Biè blongyumi » vient des mots « Beer belong you me » et veut dire« Our beer »

Cela faitmaintenant 6 jours que j’ai quitté les Fidji. Chaque étudiant du groupe avecqui j’étais est parti dans un pays différent. J’habite dans une auberge dejeunesse ou j’ai une chambre pour moi. Je paye l’équivalent de 18$ par nuit, cequi est correct.  Je suis arrivé il y aune semaine à Luganville, sur l’île de Santo. Ce n’est pas la capitale, c’estune « ville » de 12000 habitants. Les expatriés blancs sont à peuprès au nombre de 17 (pas mal de Français) mais il y a quelques touristes. Carautant le dire tout de suite, le Vanuatu est un pays magnifique. Les îles ontgardé leur authenticité, les hôtels « cocktail-pelousetondue-piscine-retraités » ne sont pas légion, et le mode de vie n’est pastrop occidentalisé. Les gens sont absolument fascinants (le peuple estrégulièrement classifié comme le plus heureux du monde). Et offrent une réelleinteraction non basée sur la meilleure façon de te faire dépenser de l’argent.Les fonds marins sont exceptionnels (Santo est considérée comme une des mecquesde la plongée) et les forêts superbes. J’ai commencé la plongée aujourd’hui(j’ai craqué sous la pression des touristes) et j’irai vadrouiller en forêt leweek-end prochain. Dans quelques semaines, je vais essayer de visiter l’île deTanna, qui abrite un volcan actif accessible aux randonneurs.

Par contreLuganville est en soi une ville assez ennuyante. Le marché est sympa, mais iln’y-a pas ici moult activités. Fort heureusement les locaux sympathisent viteet t’invitent à partager la tradition la plus puissante du Vanuatu : leKava. Le Kava est uneracine qui ne pousse d’origine qu’au Vanuatu et avec laquelle il est possiblede concocter une boisson aux effets funky. Même si on peut trouver du kavaailleurs, ce ne sont que des pâles imitations. Luganville compte une quinzainede bars à kava (nakamals) et aucun bar tout court. A 6h du soir les nakamalsallument la lumière qui annonce que le kava est prêt, et tous les hommes(tous), tous les jours (TOUS), se retrouvent et commencent à boire le kava. Ilse boit dans des petits bols qui coûtent moins d’1€. Il faut tout boire cul-seccar le kava n’est vraiment pas bon. Plus j’en bois et plus je trouve le goûtimmonde, j’essaye de trouver des astuces pour éviter d’en renifler l’odeur oude trop sentir le goût. Le goût serait meilleur avec du sucre, ou même avec dubeurre. Du beurre qui a tourné. Du beurre qu’on aurait laissé 1 semaine dans lajoue d’un buffle et avec lequel on aurait nettoyé la tour Eiffel. Mais il nefaut rien rajouter, c’est la tradition. Quelques minutes après avoir pris lepremier bol, les effets se font sentir. Le kava détend complètement le corps enagissant sur la moelle épinière. Tu deviens lent, complètement relaxé et un peueuphorique, mais le cerveau n’est pas du tout affecté. En conséquence, toutesles capacités cognitives sont conservées et la meilleure description de lasensation kava c’est de dire que l’esprit se sépare du corps. Le kava estl’élément social n°1 mais permet aussi de méditer. A noter que le kava peutêtre dangereux sur le long terme, mais il n’est pas toxique à court terme nisujet à une dépendance. De plus, il n’y a pas de post-effet (gueule de bois) dûau kava.

Tout ça pour direque je me plais au Vanuatu. Travail et kava la semaine, exploration des îles etdes mers le weekend. J’ai eu affaire à des tremblements de terre mais il y en a3 ou 4 par mois ici. Je recommande à tout un chacun de visiter le Vanuatu,avant que ce pays oublié ne devienne trop visible sur la mappemonde.

Je mettrai à jour ma galerie picasa avec mes photos, en attendant il y a déjà des photos de la plage aux Fidji sur facebook.

picasaweb.google.com/piotr.bdz